La révolution informatique a commencé il y a de nombreuses décennies, avant même l’arrivée des ordinateurs dans nos maisons. Vous connaissez peut-être le code Morse et le télégraphe ? Le code Morse est l’un des premiers « protocoles » : une « norme » pour la communication à distance créée à l’époque du télégraphe.
De la même manière, les protocoles des réseaux informatiques ont évolué petit à petit, à partir d’ARPANET, le prédécesseur d’Internet, jusqu’à aujourd’hui. L’interopérabilité limitée et la diversité considérable des langages de communication concurrents, caractéristiques de l’époque, ont laissé place aux protocoles actuels, bien définis et structurés (par exemple, les protocoles de couches), et leurs normes. À l’heure actuelle, nous disposons du modèle OSI (acronyme anglais d'Open Systems Interconnection), un cadre de référence qui nous accompagne dans la création de protocoles et de services standardisés en suivant une caractérisation en couches.
Dans le fond, Internet est le résultat d’une démarche de normalisation qui a convergé vers des protocoles partagés (page en anglais) dans le but d’établir des approches de communication communes.
L’essor de la connectabilité
Grâce à l’interconnexion d’un nombre croissant de réseaux rejoignant Internet, les échanges de données et de code ont également bondi. Internet n’était pas seulement utilisé à des fins de communication par courriel ou sur des forums de discussion, mais également comme une infrastructure de trafic numérique où données et code pouvaient être échangés. Grâce à l’extension des réseaux, un outil développé quelque part pouvait rapidement être promu, partagé et déployé ailleurs. La baisse du prix des technologies de stockage des données et l’amélioration des performances des ordinateurs ont alors permis aux administrateurs système de fournir des capacités de stockage plus importantes à des hébergeurs de dépôts accessibles partout dans le monde fournissant leurs services à distance.
Entre temps, des chercheurs du CERN (l’organisation européenne pour la recherche nucléaire) – notamment Tim Berners-Lee mentionné dans le chapitre 1 – créent en 1990 un système de stockage et de publication de documents sur Internet nommé le World Wide Web. Il est vite évident que le Web ne pourra atteindre son plein potentiel que s’il est accessible au public. Et donc, en 1993, le CERN met gratuitement à disposition le code source du World Wide Web.
Info.cern.ch est alors l’adresse du tout premier site et serveur Web, hébergé au CERN. La première page Web est : http://info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html. Cette page comportait des informations relatives au projet WWW, notamment une description de ce qu’est l’hypertexte, des détails techniques sur la création d’un serveur Web, et des liens vers d’autres serveurs, qui étaient ajoutés au fur et à mesure qu’ils devenaient disponibles.
Internet et le World Wide Web : est-ce la même chose ?
La plupart d’entre nous utilisent les mots Web et Internet pour désigner la même chose. Pourtant ces deux concepts sont bien différents. Le World Wide Web – ou plus simplement le Web – est constitué des pages que vous voyez sur votre appareil lorsque vous êtes en ligne. Internet est le réseau d’ordinateurs connectés sur lequel le Web fonctionne et les courriels et fichiers transitent. Il faut voir Internet comme les routes d’une ville, tandis que les maisons, le long de la route, représentent le Web. Les voitures, elles, sont les données – distinctes du Web – qui vont d’un site à l’autre ou transfèrent nos courriels et nos fichiers.
Web 1.0
Internet s’imposant peu à peu auprès de tous, certaines personnes ont commencé à écrire des documents destinés spécifiquement à une publication en ligne : des pages Web. C’est ce qui a marqué l’entrée dans l’ère du Web 1.0, le « Web en lecture seule ». Les utilisateurs consultaient alors les informations d’une page Web sans aucune option de communication ou de contribution. Les sites Web statiques et les sites personnels sont à ranger dans le Web 1.0. À l’image de la publicité dans les journaux papier, les entreprises fournissaient des catalogues et des brochures dans le but de présenter leurs produits sur le Web. Les gens pouvaient les lire et contacter l’entreprise le cas échéant. La différence principale tenait au fait que l’exposition sur le Web – parce qu’elle éliminait les frontières physiques – rendait l’information disponible à tous, à tout instant. La technologie s’est ensuite améliorée pour répondre à de nouveaux besoins. Les principales fonctionnalités ajoutées ont dans un premier temps touché à la sécurité et aux outils du commerce en ligne.
Autre aspect essentiel : pour chercher des informations, les utilisateurs avaient besoin d’un logiciel spécial de visionnage et d’interaction avec le Web nommé navigateur. Le World Wide Web, bien que doté du premier navigateur Web, n’était pas particulièrement facile d’utilisation. Lancé en 1993, Mosaic, riche d’une interface graphique de meilleure qualité, et reposant sur la méthode du pointer-cliquer, devient rapidement un navigateur Web très populaire grâce à sa facilité d’utilisation qui le rendait plus accessible au commun des mortels. D’autres navigateurs Web ont ensuite rapidement suivis. L’expansion du World Wide Web est facilitée à l’époque par l’existence de navigateurs fiables et simples à utiliser sur des ordinateurs populaires.
Mais comment le Web fonctionne-t-il au juste ?
Comprendre la relation évoquée dans la partie précédente entre le client et le serveur est la première étape pour saisir le fonctionnement du Web – ce qui se cache derrière le contenu des pages Web de nos ordinateurs. Souvenez-vous, les clients sont les utilisateurs des ordinateurs connectés à Internet, tandis que les serveurs sont des ordinateurs qui stockent des pages Web, des sites ou des applications. Voici les autres éléments qui rendent possible la communication entre le client et le serveur :
Un navigateur Web : Application présente sur l’ordinateur du client, utilisée pour solliciter l’accès à une information et la consulter sur le Web.
HTTP : Hypertext Transfer Protocol (« protocole de transfert hypertexte ») est un protocole d’application qui crée un langage commun de communication entre les clients et les serveurs. De la même manière, HTTPS est le protocole utilisé quand des données HTTP chiffrées sont transférées au moyen d’une connexion sécurisée.
Adresse universelle : Également connue sous le nom d’URL (acronyme anglais d’Uniform Resource Locator), c’est l’adresse unique qui identifie un site Web.
Système d’adressage par domaines : Également connu sous le nom de DNS (acronyme anglais de Domain Name Servers), c’est un peu comme un carnet d’adresses des sites Web qui localise les ressources sur Internet. Pour accéder à n’importe quel service Web, les utilisateurs ont besoin d’un nom de domaine valide.
TCP/IP : Transmission Control Protocol (TCP) (« protocole de contrôle de transmissions ») est un protocole de communication entre un programme et le protocole Internet IP que nous avons évoqué dans la partie précédente. TCP permet de transférer des informations dans les deux directions. Cela signifie que les systèmes informatiques qui utilisent TCP pour communiquer peuvent aussi bien envoyer que recevoir des données en même temps, tout comme une conversation téléphonique.
La navigation sur le Web commence par la saisie d’une URL dans un navigateur Web, par exemple : https://minnalearn.com/. Puis, le navigateur se rend sur le serveur DNS afin de trouver l’adresser IP du serveur sur lequel se trouve le site Web.
Le navigateur envoie une requête HTTP ou HTTPS au serveur afin de recevoir une copie du site Web à l’intention du client. Ce message, comme toutes les autres données échangées entre le client et le serveur, est envoyé par le biais de votre connexion Internet à l’aide de TCP/IP.
Si le serveur approuve la requête, il commence à envoyer les fichiers du site Web au navigateur sous la forme d’une série de petits lots d’informations, nommés paquets de données. Le navigateur rassemble ces paquets pour former une page Web complète et l’affiche à votre attention.
Que faut-il savoir sur les navigateurs Web ?
La majorité des navigateurs utilisent un cache interne qui améliore le temps de chargement lors de vos visites ultérieures de la même page. Un cache est un espace de stockage spécial réservé à des fichiers temporaires dont le rôle est d’augmenter la vitesse et l’efficacité d’un appareil, d’un navigateur ou d’une application.
Lorsque vous naviguez, les témoins de connexion liés à votre historique de navigation, reçus de différents sites Web, sont stockés par le navigateur. Les témoins de connexion, également connus sous le nom de cookies, sont de petites données contenant des informations utiles pour un site Web – un mot de passe, des préférences, le navigateur, l’adresse IP, la date et l’heure de la consultation, etc. Dès que les utilisateurs chargent un site Web, le navigateur renvoie le témoin de connexion au serveur pour informer le site de leur activité antérieure. Les témoins de connexion et les caches sont deux façons de stocker des données sur la machine du client. La différence principale réside dans le fait que les témoins de connexion servent à stocker des informations dans le but de consigner des caractéristiques liées aux utilisateurs, tandis que le cache permet d’accélérer le chargement des pages Web.
Veillez à ne pas confondre navigateur et moteur de recherche ! Ce sont deux choses bien différentes. Un moteur de recherche est un programme qui localise des informations sur Internet à partir de mots-clés saisis par les utilisateurs. Vous utilisez un navigateur pour accéder à des informations sur Internet, tandis qu’un moteur de recherche vous indique la direction à suivre pour atteindre un site Web en lien avec les mots que vous saisissez. Vous avez le choix entre de nombreux navigateurs. Les plus utilisés à l’heure actuelle sont Google Chrome, Mozilla Firefox, Microsoft Edge et Apple Safari. Vous devez utiliser un navigateur afin d’accéder à un moteur de recherche. Google, Bing, Yahoo, Baidu ou Duckduckgo sont quelques exemples de moteurs de recherche, mais il en existe bien d’autres.
Comment fonctionne un moteur de recherche ?
Les moteurs de recherche emploient des programmes informatiques automatisés qui parcourent Internet pour créer une copie de toutes les pages Web qu’ils consultent. On les appelle des collecteurs. Une fois qu’un collecteur a consulté, parcouru et répertorié une page, le moteur de recherche peut l’indexer. L’annuaire de sites Web ainsi constitué accélère les recherches. Le collecteur passe de site en site afin d’enrichir et de consolider l’index du moteur de recherche. Quand les utilisateurs saisissent un mot-clé, le moteur de recherche trie les millions de pages de sa base de données pour trouver une association avec ce mot spécifique. Le moteur de recherche affiche ensuite les résultats de sa recherche en les classant par pertinence.
Le perfectionnement des différentes technologies a simplifié l’utilisation du Web. Si bien qu’il est rapidement devenu très populaire et a rapidement attiré de nombreux utilisateurs. Les années 1990 marquent l’arrivée du commerce en ligne. La première vente sur « Echo Bay » – l’ancêtre d’eBay – a lieu en 1995. Amazon.com est lancé en 1995. Afin de répondre à l’énorme demande de serveurs de connexion à Internet, les fournisseurs d’accès à Internet connaissent un essor rapide.
La plupart des gens qui disposaient d’un ordinateur personnel avaient un accès à Internet par ligne commutée requérant une ligne téléphonique pour fonctionner – ce qui signifiait qu’il n’était pas possible de se connecter à Internet et d’appeler quelqu’un en même temps. Ces connexions étaient lentes, si bien que le téléchargement d’un fichier prenait beaucoup de temps. Impossible, à l’époque, d’écouter de la musique ou de regarder une vidéo en streaming.
Les avantages du haut débit et de l’Internet sans fil
La navigation sur le Web telle que nous la connaissons aujourd’hui est née grâce à l’arrivée de la technologie du haut débit. Le haut débit, ou accès à Internet à large bande, a offert une connexion plus rapide, de grande capacité, permanente et bidirectionnelle entre les utilisateurs finaux et le fournisseur d’accès. L’essor des réseaux haut débit a permis de télécharger beaucoup plus rapidement fichiers, chansons, séries télévisées et films. Cela a révolutionné l’usage des contenus multimédias en ligne. Au début des années 2000, des millions de foyers et de bureaux sont connectés au Web en haut débit, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
À la même époque, l’Internet sans fil est lancé et devient la norme – les câbles Ethernet branchés à l’ordinateur sont ainsi remplacés. L’Internet sans fil est rapidement adopté un peu partout : dans les cafés, les magasins, les bureaux...
L’accès mobile à Internet
En parallèle, les progrès des technologies Internet mobiles en matière de vitesse de connexion ont contribué à la popularité croissante des téléphones mobiles.
Le premier accès à Internet sans fil apparaît en 1991, avec la deuxième génération (2G) des technologies de téléphonie mobile.
Des débits plus élevés sont proposés à partir de 2001, puis en 2006, avec la mise à disposition de la troisième génération (3G). Pour les systèmes de communication sans fil, c’est un bouleversement : en plus de la téléphonie traditionnelle et des SMS, apparaissent de nouveaux services comme la visioconférence, le streaming de vidéo et la voix sur IP (notamment Skype) grâce aux nouvelles performances dans le domaine du transfert des données. Les mobiles multifonctions connaissent un essor rapide sur le marché de la téléphonie mobile. De plus en plus de clients utilisent ainsi Internet.
La quatrième génération (4G) des technologies de téléphonie mobile est lancée en 2009. Les mobiles sont alors dotés d’un accès au Web plus rapide qui ouvre la voie aux services de jeux vidéo, à la télévision en haute définition sur mobile, à la visioconférence, et même à la télévision en 3D.
On dit de la prochaine génération, la 5G, qu’elle fera évoluer notre façon de vivre et de travailler. Elle sera plus rapide et permettra à davantage d’appareils de se connecter que le réseau 4G actuel. De nouveaux types de produits technologiques devraient apparaître grâce à ces améliorations. Des réseaux 5G ont été déployés en 2018 dans différentes régions du monde, mais ce n’est qu’un début.
Grâce à l’avènement de ces nouvelles technologies synonymes de haute capacité et de connectabilité plus rapide, l’infrastructure de réseau nationale qu’était Internet s’est transformée en phénomène international. Néanmoins, l’un des aspects essentiels de la révolution Internet demeure l’accessibilité.
L’accessibilité désigne la disponibilité des technologies permettant aux utilisateurs de se connecter à Internet. L’accessibilité dépend d’une part de la couverture géographique des infrastructures techniques responsables de la connectabilité et d’autre part des ressources nécessaires – en termes de financement et de connaissances – à l’accès des utilisateurs à Internet.
Dans la partie suivante, nous allons comprendre comment la conjonction d’Internet et de l’accessibilité du Web a façonné le monde tel que nous le connaissons.